La Liste de mes envies, de Grégoire Delacourt

C’est à dire que je suis un peu embêtée. D’un côté, j’ai beaucoup, beaucoup aimé cette lecture. Parce qu’elle pose la – juste – question du bonheur et de la manière d’y accéder, parce qu’elle pose aussi la question des sentiments amoureux à l’épreuve de la vie et parce qu’elle analyse, en quelques sortes, les conséquences qu’à l’argent sur nos vies, nos sentiments.

Pourtant, il y a ce je-ne-sais-quoi qui m’a empêchée d’adhérer complètement au propos de Grégoire Delacourt. Une certaine facilité dans le traitement de l’histoire, je crois.

Je m’explique.

La liste de mes envies, pour ceux qui seraient (miraculeusement !) passés outre le battage médiatique de ce livre paru en février dernier, c’est l’histoire de Jocelyne, mercière dans le Pas-de-Calais. Un jour, Jocelyne gagne la coquette somme de 18 547 301 euros au loto. Rien que ça. Pourtant, au lieu de la rendre heureuse, cet argent va détruire sa vie.

A travers Jocelyne, Grégoire Delacourt tente ainsi de répondre à cette question que nous nous sommes tous posée un jour ou l’autre : que ferions-nous si nous gagnions au loto ? Je ne sais pas vous, mais moi, je sais EXACTEMENT ce que je ferais. Rembourser les dettes de ma famille, acheter un immeuble dans Paris pour y loger mes proches, faire péter une journée de shopping d’anthologie avec mes meilleures amies en mode no limit, acheter un petit pied-à-terre à la campâââgne. Et un autre à la mer. Placer pour mes vieux jours, et plein de trucs encore.

Bref, en la matière, j’ai beaucoup d’imagination, à défaut d’avoir les fonds. Eh ben figurez-vous que notre Jocelyne, là, c’est l’inverse : au lieu d’encaisser le chèque, elle a la drôle d’idée de ne pas y toucher. Genre l’argent c’est le mal et ça ne fait le bonheur. Genre.

Alors oui, bien sûr, on peut tous se demander à quoi riment ces quêtes sans cesse renouvelées d’objets qui encombrent nos quotidiens. Ces envies qui n’ont de cesse de croître. Cette consommation effrénée à laquelle nous oeuvrons, parfois même contre notre gré. Je sais tout cela et croyez-le ou non, je m’inscris de plus en plus en faux contre ce mode de vie là (j’ai cru que j’allais pleurer quand j’ai lu l’édito de Teddy Czopp, rédacteur en chef mode dans le Grazia du 24 août, et qui dit en substance que pour lutter contre le blues du retour de vacances, il suffit de faire chauffer sa CB, pardi). Mais franchement, la Jocelyne sans le sou avec sa maison à crédit, sa petite mercerie qui ne lui rapporte pas grand chose et son mari ouvrier à l’usine qui de sucroit est moyen sympa avec elle, elle est moyen crédible dans son rôle de Jeanne d’Arc du Loto, si vous me passez l’expression.

Et puis, la liste de mes envies est un livre finalement assez moralisateur – c’est du moins ainsi que je l’ai ressenti -, voire accusateur. Comment ? Mais nous n’aurions pas encore compris que l’argent, c’est nul et ça n’achète pas le bonheur ? On est vraiment rien que des nazes, quoi.

Voilà. Reste que le livre est agréable à lire. Et que le sujet nous invite à une introspection, si minime soit-elle, sur le sens de nos vies. De là à le comparer à l’excellent-issime L’Elégance du Hérisson, faut pas pousser, non plus… !

Ce que dit la 4ème de couv’ :  Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo, qui s’est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l’épouse) a courbé l’échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu’au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff’Esthétique, 18.547.301€ lui tombent dessus. Ce jour-là, elle gagne beaucoup. Peut-être.