Wow. J’avoue ne pas savoir par où commencer. Peut-être par ces mots de mon libraire adoré, qui, à ma question « est-ce un bon livre » m’a répondu « ouh la la oui. Très très dur, mais très très beau. Mais très dur« .
Peut-être aussi par le fait que je n’ai lu aucun autre livre de cet auteur et que de ce fait, je n’ai pas de point de comparaison tangible pour dire si oui ou non son style se retrouve ici, ou pas.
Peut-être enfin par le fait qu’en fin de compte, je crois bien que cette lecture me laisse un brin perplexe.
Oui, cette lecture est belle. Parce que profondément humaine, simple, triste et forte à la fois. Parce qu’elle nous rappelle, à travers la mort d’une petite fille victime du Tsunami et celle d’une jeune mère de famille d’un cancer que nous sommes décidément bien peu de choses, et que le Carpe Diem a beau résonner comme la plus triviale des lapalissades, rien n’est moins vrai que ces quelques mots. J’avoue avoir été également particulièrement touchée par plusieurs scènes qui m’ont rappelé, assez désagréablement, des scènes que j’ai moi-même approché de près. De très près.
Pourtant, il y a ce je ne sais quoi qui m’a empêchée de trouver cette lecture très très belle. Belle, oui, mais pas très très. La manière, peut-être, dont l’auteur rapporte tout à lui, à un point tel que j’en ai été mal à l’aise. Bien-sûr, on comprend que les évènements dont il a été témoin l’aient marqué et aient eu des conséquences sur sa propre vie. Bien-sûr, la réaction de l’auteur permet dans une certaine mesure si ce n’est d’accepter la douleur du récit, poursuivre sa lecture. Mais… à ce point là, j’ai du mal.
Reste qu’indéniablement et si triste soit ce récit, il nous permet de relativiser… Oui, on a un petit bobo, oui, les vacances sont terminées, oui, on pourrait gagner plus d’argent, avoir un plus bel appart, des souhaits qui se réaliseraient plus rapidement et des épreuves moins dures, mais globalement, on fait aller, hein.
Après tout, ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ?
Ce que dit la 4ème de couv’ : À quelques mois d’intervalle, la vie m’a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d’un enfant pour ses parents, celle d’une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu’un m’a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n’écris-tu pas notre histoire? C’était une commande, je l’ai acceptée. C’est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l’amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d’un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s’occupaient d’affaires de surendettement au tribunal d’instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d’extrême pauvreté, de justice et surtout d’amour. Tout y est vrai.
Je pense que je n’aurais jamais été attirée par cette lecture dans un rayon de librairie. Le fait que ce soit si triste et que tu ne le trouves que "moyen" me conforte un peu dans cette non-envie de lecture 😉
A la lecture de ton billet, je me dis que ça peut finalement être une assez bonne idée de cadeau pour les gens (qui me souleeeeeeeeeent) qui passent leur vie à se plaindre, à geindre, à imaginer que l’herbe pousse plus verte ailleurs et qu’ils portent tous les malheurs de la terre sur leurs frêles épaules !!! Des fois qu’ils relativisent (enfin j’y crois pas trop mais bon, ça peut les calmer au moins 2 heures tu penses ?)…
Aïe, je l’ai offert en fin d’année scolaire à la maîtresse de mon fils… Je me demande, à lire ton billet, ton "moyen", si j’ai bien fait ! Je ne l’ai pas lu et ne me suis fiée qu’aux élogieuses critiques de tous poils. Ça c’est pas ce qu’il y a de mieux !
M’enfin, il ne l’aura pas l’année prochaine 😉 e c’était quand même mieux qu’offrir Levy ou Musso sous prétexte que la moitié de la plage les lit !!!
Ce n’est donc pas un roman ? Je le pensais après avoir lu les 1eres lignes de la 4e de couv à la librairie mais finalement je ne l’ai pas pris. Sujets un peu trop durs pour aborder une rentrée zen et cooooooool 😉
D’ailleurs, question rentrée cooooooool, je viens de finir quelques petits bijoux de lecture que je recommande vivement, soit pour la bonne humeur qu’ils engendrent, soit parce qu’ils sont de vrais chefs-d’oeuvre d’écriture (à mon avis).
Tu veux que je te les note en commentaire ?
Pour ma part une fois fini, ce livre m’a mise un peu en colère. Cette impression que l’auteur l’a écrit pour se soulager, se délivrer de ses démons en insistant sur le sordide. Tout le monde vit des moments durs, découvre la mort de plus ou moins pret mais l’impression que ce livre n’est la que pour le glauque. Que m’a-t-il apporté ? a moi rien.
Bref j’ai adoré …. 🙂
En ce qui me concerne, j’avais lu "un roman russe" et le fameux "classe de neige" (je ne suis pas sure du titre de celui-là)… c’est assez brutal, et ne laisse pas indifférent. Je me suis également dit que je n’en lirai pas d’autre de lui, car c’est décidément trop noir pour moi. Pas de rédemption, pas de porte de sortie. Je ne suis pas une spécialiste des romans eau de rose, loin de là. Mais finir un livre intense, qui nous a habité, sur une note de pur désespoir, je trouve ça injuste pour le lecteur, comme si on lui disait: "je t’ai convaincu, là, non? Pas de salut, héhé…"… Voila ce que m’ont fait ces livres!
Sans moi pour le prochain, donc.
ça me donne envie de le lire, merci pour ta critique.
ça me donne envie de le lire, merci pour ta critique.
moi qui choisit de prime abord mes lires par le titre et la converture (quand je ne sais rien du livre évidemment), je pense que j’aurai passé mon tour. Ce bouquin a le look d’un bouquin scientifique.
Je suis fan d’Emmanuel Carrère (L’adversaire est à mon avis son roman le plus réussi avec La Moutache – un vrai roman) et je dois avoir lu tous ses livres… Assez étrangement, l’auteur m’apparait par contre assez antipathique (lire un "roman russe" pour s’en apercevoir – Monsieur est TRES élite, très égocentrique – d’un autre côté, il ne cherche pas à apparaitre comme sympathique – ce qui le sauve (?)) et même s’il apparait sous un meilleur jour dans ce dernier livre, il n’en reste pas moins un auteur très centré sur lui. J’ai également été gêné, comme toi par le fait que dans cet ouvrage lui fait une part trop importante alors qu’il n’est que spectateur de ces histoires … Moins autocentrisme aurait servi le propos – le monde ne tourne par autour de E. Carrère.
Emmanuel Carrère aussi talentueux soit-il n’écrit pas par plaisir mais pour être reconnu et apprécié et c’est bien dommage !
Perso, j’avais été scotchée par Le roman russe. Je viens de me refaire L’Adversaire (histoire de Jean Claude Romand) et je compte bien attaqué son dernier roman…
j’ai un peu de mal avec les lectures larmoyantes (du fait de mon métier je suppose), je me sens plus à l’aise avec ce qui tient de l’imaginaire (non, non, pas les "livres dont vous êtes le héro" !)et de l’étrange voire de la philo…ou critique de la société. J’esquive tout ce qui touche au "pathos", l’émotionnel m’épuise et m’ennuie.
J’avais adoré "La classe de neige" et bien sûr aussi l’adversaire. Tes commentaires ne me donnent que moyennement envie de lire celui-là. Merci pour tes conseils.
Quant à moi, je passe mon tour : un brin de voyeurisme que je n’aime pas …
J’avoue que, malgré les très bonnes critiques, je n’ai pas le courage de lire ce roman…Trop dur pour moi!Et, à la suite de cet article, je reste sur ma position…
Seraient-ce tes lectures estivales qui t’ont remué la plume. Quel style dans tes derniers billets, un vrai plaisir.
J’ai pensé un peu la même chose que toi à la lecture de ce billet, et en même temps ce livre m’a bouleversé. Et j’ai finalement trouvé intéressant le fait de raconter ces deux histoires tragiques par le regard de cet écrivrain, noir et en même temps si vrai…j’ai versé plusieurs fois des larmes dans le métro en le lisant, j’ai dû paraître bien triste pour mes voisins de transport, mais quel plaisir au final d’être transporté par une histoire!
Un peu tôt pour commencer à préparer des cadeaux de noël… quoique 😀
En te lisant j’avais l’impression d’y être, ton récit est très beau !
Je vous souhaite encore de longues années de bonheur à tous les deux.
Tu as raison, le mariage ne change rien et change tout à la fois. J’aimerai me marier moi… *soupir*
Moi ce roman je l’ai trouvé très dur mais très beau, un peu comme ton libraire, et absolument pas larmoyant justement, même si ce roman aborde la mort d’un enfant et la maladie. Et justement c’est le point de vue de l’auteur qui permet, je trouve, d’éviter de verser dans les bons sentiments inévitables devant ces drames, ou dans le voyeurisme facile, car il s’y met beaucoup en scène, certes, mais sans chercher à occulter l’ambivalence de ses réactions (son absence d’empathie, sa jalousie parfois, par exemple).
Ah ! Merci Suzanne, je suis absolument d’accord avec toi.
Moi qui me suis remise à lire cet été (après une longue période sans rien lire du tout), j’ai bien accroché et versé ma petite larme aussi, notamment sur le passage du tsunami, mettant enfin un terme à la culpabilité que j’avais ressentie à l’époque, de ne rien ressentir, justement… 🙁
Je comprends que l’auteur puisse un peu agacer, mais je pense que quand on s’intéresse à l’histoire intime de qqun d’autre, ça fait forcément écho à sa propre histoire et parfois à la partie obscure de chacun d’entre nous (égoïste, ambitieux, jaloux…).
Entièrement d’accord avec Suzanne, certes Carrère se met en avant, mais il le fait honnêtement, en faisant part de ses sentiments les plus beaux comme les plus laids. Et peut-être que l’homme Carrère n’est pas "aimable", mais les bouquins qu’il écrit à partir de son petit nombril, moi je les aime! Et celui-ci en particulier m’a bouleversée, j’ai pleuré pendant la lecture des 100 dernières pages..
Moi aussi, tout à fait d’accord avec les derniers commentaires. Mais je crois que pour apprécier _D’autres vies que la mienne_, il est impératif d’avoir lu (et aimé, hein, tant qu’à y être) _L’Adversaire_. Le principe est le même: Carrère interroge les vies des autres au miroir de sa propre vie (ce qui amène le lecteur à en faire autant). Au vu des commentaires de ceux qui n’ont pas trop aimé le dernier, je tenterais cette hypothèse: il est plus acceptable (moralement, éthiquement, disons) d’être fasciné par la vie d’un "monstre" (Jean-Claude Romand, dans _L’Adversaire_), que de manifester une curiosité (alors malsaine?) pour les malheurs des gens qui nous ressemblent. Pire encore, de les rapporter à soi. Je ne vois que ça (mais ce n’est pas une mauvaise raison) qui puisse déranger ceux qui avaient apprécié _L’Adversaire_. Pour le reste, la démarche d’écriture, le style, le souffle, c’est du Carrère, et du grand. Bref, mon conseil: lire les deux comme un dyptique, et juger ensuite le projet romanesque comme un tout. Voili! Ah et pardon pour le commentaire trop long…
Le concept à lui seul m’interpelle (les Autres, leur vie et leur malheur ont une incidence sur moi, qui suis témoin de leur malheur – ou de leur bonheur)/ C’est d’ailleurs exactement le point de départ de mon blog. Maintenant, je ne connais pas l’auteur et je ne sais pas vraiment ce qu’il fait de ces bribes de vie qu’il délivre ensuite dans ses romans. Maiq tu as piqué ma curiosité, Deedee, aussi vais-je m’empresser de découvrir cette plume.
bonjour,j’avais dètestè un roman russe mais l’on m’a prêtè ce dernier livre,je dois dire qu’il est bouleversant et surtout remarquablement rendu,puisque c’est une histoire vraie malheureusement,quel tact et quel talent dans la narration de cette terrible histoire,bravo à vous